Juillet-Décembre 2024 - Bienvenue sur le site du Quatrième Groupe
L’ÉDITORIAL
La Session réinstituante,
qui s’adresse aux analystes-membres et aux participants, aura lieu cette année le 5 octobre. Elle aura pour thème « Réinstituer, aujourd'hui ? ».
Son esprit est bien résumé dans ces quelques phrases que j’ai retenues du texte d’Eduardo Colombo sur le principe réinstituant qu’on trouve sur le site.
« La capacité créative, l'esprit alerte et critique où loge le principe instituant, sont fragiles devant le poids écrasant de la réalité établie, la morne répétition de l'institué et s'abrite derrière la sécurisante sacralité de la loi – ou de la norme – et renvoient sans cesse au temps mythique de l'origine ou les principes furent posés, libérant le temps historique de tout questionnement sur le bien-fondé de la pratique et de la théorie à laquelle les groupes humains s'accrochent. […] Sachant que toute institutionnalisation « vise à définir un mode de régularisation, et a pour but de maintenir un état, de « faire durer » et d'assurer une transmission » […] les fondateurs du Quatrième Groupe ont institué un lieu et un moment pour […interroger] périodiquement la démarche globale de l'institution. Car « ou bien l'institution est auto-critique, ou bien elle devient une aliénation. » Le lieu institué de l'autocritique est la Session réinstituante. Le principe réinstituant est le premier des principes que les membres du Quatrième Groupe entendent respecter. »
Car la question se pose de savoir ce que nous avons fait, au fil des années, de cet idéal révolutionnaire et soixante-huitard des origines et de ce que nous voulons en faire pour les années futures. Cet idéal s’ancre, pour nous, dans la théorie de l’institution de celui qu’on pourrait considérer comme notre quatrième fondateur, Cornélius Castoriadis, qui est pourtant toujours resté en marge.
Et si à l'époque de la fondation, la critique visait surtout les autres sociétés analytiques en présence, l'IPA et l'EFP, qu'en est-il actuellement dans un monde où la psychanalyse a perdu la place qu'elle avait dans la société ? Dans un contexte politique chahuté en France, dans un contexte plus global de crise climatique et de guerres, l'objet de la nécessaire autocritique change radicalement. Il pourrait viser désormais la manière dont la psychanalyse peut ou non se situer par rapport aux transformations rapides des enjeux identificatoires des sujets, aux prises avec leur parole singulière, en enjeux identitaires, où il s'agirait en priorité d'être nommés pour appartenir à une catégorie. Il faut souligner l’intérêt qu’il y a à penser cette place de la psychanalyse comme « place vide », « en creux », face à la saturation sociale et aliénante que nous vivons. Le temps de l’analyste n’est ni le temps de l’urgence ni le temps de l’immédiateté des réponses qui sont du registre de l’Imaginaire. Et non plus sans doute le temps de « l’idéal révolutionnaire de 68 ». Qui dit idéal dit aussi position narcissique et rejet partiel d’un certain principe de réalité incontournable aujourd’hui. Réinterroger l’histoire des origines de la psychanalyse et plus en détail, celle du Quatrième Groupe ? Entendre aussi un nouvel appel, plus contemporain, sur nos places dans les institutions ? Comment assurer cette double polarité au sein de l’association (sur la question de la formation en particulier), comment maintenir une vacance propre à toute créativité qui n’oublie pas d’où elle parle ?
La session réinstituante offre une occasion unique aux membres et participants de travailler ensemble aux modalités d’être ensemble au Quatrième Groupe tout en les articulant aux préoccupations démocratiques contemporaines. L’élargissement du dialogue aux autres disciplines se pose aussi, à une époque où la pratique exclusive de la psychanalyse tend à disparaître.
Jean Peuch-Lestrade
Responsable du Site
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