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Brigitte DOLLÉ-MONGLOND
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Comme toujours dès qu’on décentre durablement l’humain de son apparente et naïve quiétude, dès qu’on sème le doute sur ses souvenirs et l’origine de ses passions, on le rend malade. Malade de la peste. Le dimanche 27 aout 1909, sur le pont du George Washington qui l’amenait à New-York, contemplant la découpe des gratte-ciels de Manhattan, Freud ne s’y était pas trompé. « Ils ne savent pas que nous leur apportons la peste… » avait-il confié pensivement à Ferenczi et Jung. La psychanalyse comme peste des certitudes. Vérité impossible à formuler en Europe ? Ironie d’un Viennois ciblant la naïveté américaine ? En tout cas, la mesure de cette « peste » et la qualification de ses symptômes ne sont pas plus aisés aujourd’hui qu’en 1909. C’est pourtant cela que vise ce recueil.
Au demeurant, la véracité de la phrase citée fait débat. Elle ne figure ni dans les œuvres de Freud, ni dans celles de Ferenczi ou de Jung. Pourtant, le 7 novembre 1955, à Vienne, lors d’une conférence prononcée sur le sens d’un « retour à Freud », Lacan affirme la tenir de Jung. Mais l’aurait-il finalement inventé pour propager, au nom de son fondateur, l’annonce des méfaits de la jeune science ? Comme avec le pangolin du XXIe siècle, un doute subsiste sur l’identité de l’agent infectieux.
Rendre à l’incertitude son bien, tel est donc l’enjeu. Mais encore faut-il pouvoir la défaire de l’irritation qu’engendre toute retenue, fût-elle celle du jugement. Séjourner « dans les incertitudes, les mystères et les doutes sans se laisser aller à la quête agacée de faits ou de raisons » exige une solide capacité négative. John Keats en faisait la source du génie de Shakespeare, et Bion en rappelle l’impérieuse nécessité dans l’exercice de l’analyse. C’est à ce prix que l’écoute s’affranchit de tout agrippement au savoir, qu’elle accueille l’angoisse et l’effondrement pour permettre, le moment venu, les salutaires mouvements de la curiosité.
Certes on pourra regretter que depuis plus d’un siècle la « jeune science » ait pris quelques rides et qu’elle puisse parfois s’essouffler sous le poids de trop généreux commentaires. Pourtant l’incertitude demeure l’ordinaire du psychanalyste. À condition, bien sûr, qu’il accepte de suivre les chemins du scandaleux et de l’inouï en s’arrachant aux ornières du bien connu et du prédictible.
Comme on le verra, les textes ici assemblés partent souvent de « petits riens », rencontrés au fil du quotidien analytique. Dans la cure, dans l’échange entre collègues, en marge de lectures. Ils sont comme autant de pensées incidentes. Elles en disent souvent long sur les vastes et complexes théories qui les sous-tendent et se sont constituées au cours d’un lent parcours. À l’écart de tout conformisme assuré, chaque auteur a voulu se laisser distraire par l’imprévu et l’incertain. Sans fausse pudeur. Sans naïveté ni complaisance non plus.
J.Y. T.
Auteurs: Viviane Abel Prot, Isabelle Alfandary, Marc Amfreville, Laurence Apfelbaum, Miguel de Azambuja, Jean-Louis Baldacci, André Beetschen, Leopoldo Bleger, Laure Bonnefon-Tort, Catherine Chabert, Jean-François Chiantaretto, Nicolas de Coulon, Brigitte Dollé-Monglond, Bernadette Ferrero-Madignier, Gilberte Gensel, Jean-Michel Hirt, Laurence Kahn, Marie Claire Lanctôt Bélanger, Jean-Michel Lévy, Anne Maupas, Évelyne Sechaud, Marie Sirjacq, Jean-Yves Tamet, Claire Trémoulet.
256 pages.
La thérapie familiale a aujourd'hui une histoire, des voies complexes de transmission et nombre de références théorico-pratiques. C’est ce que cet ouvrage tend à clarifier avec une importante perspective historique qui introduit les mouvements de pensée et concepts de base, en définissant les fondements, les contours et la spécificité de cette approche thérapeutique. Né au plus près d'une pratique quotidienne, et d’un travail de transmission auprès des étudiants et des praticiens de la santé, il propose aussi une réflexion synthétique sur l'origine des difficultés familiales et sur les processus majeurs qui s'y opèrent. Aussi permet-il une lecture des situations qui peut guider les professionnels dans la conduite des entretiens familiaux, mais aussi les parents et les couples dans leurs questions quotidiennes. Plus particulièrement, cette nouvelle édition revue et augmentée interroge les profondes mutations familiales et propose des pistes d’analyse actualisées sur l’évolution du couple et de la parentalité, intrinsèquement liée à la fragmentation de notre monde contemporain. C’est à l’aune d’une dissociation que ces trois entités et leurs composantes antérieurement pensées ensemble - couple, famille, filiation - peuvent aujourd’hui être envisagées. Un ouvrage essentiel pour les étudiants, les professionnels du secteur de la santé, mais également pour tous ceux qui s’interrogent sur ce sujet majeur que sont la famille et la thérapie familiale.
300 pages.
Si le sentiment de solitude est universel, intemporel, il doit aussi être repensé au regard des profondes mutations sociétales contemporaines.
Qu’interpelle-t-il en chacun ? En quoi la situation analytique représente-t-elle un cadre privilégié pour en comprendre le sens et en traiter les effets ? Il est important de décrypter cet affect qui émerge au coeur de la séance analytique en s’interrogeant sur sa dimension de symptôme. S’associe-t-il à l’isolement, produit de nos individualismes ? Est-il avant tout corrélé à l’objet du deuil, à l’expérience de la séparation, renvoie-t-il à la mélancolie de l’humain, ou serait-ce encore une autre façon de parler de l’angoisse ? C’est sur ces voies de réflexions que s’engage cet ouvrage : que peut en dire le psychanalyste aujourd’hui ? La traversée que représente l’analyse pourrait être en lien avec ce travail psychique d’acceptation de « la capacité d’être seul ».
Ce présent recueil éclaire d’un regard nouveau cette complexité par une diversité d’approches qui reflètent la dimension atemporelle et les formes plurielles de solitude que nous expérimentons tous. Chaque contribution témoigne d’un constant va-et-vient de la clinique à la théorie, en faisant aussi référence à la création littéraire.
250 pages.
Dans toutes ses analyses, l’émancipation est un maître mot ; il renvoie à une philosophie de l’enquête et de l’expérience. La psychanalyse est d’abord une expérience clinique intime et les concepts qu’elle élabore ont un objet particulier : ressaisir les phénomènes spécifiques qui se déroulent dans l’espace singulier d’une cure, quand un patient parle et qu’un analyste l’écoute. C’est à cette dimension-là, à l’écart des modes et des polémiques, que s’attache ce glossaire : faire voir comment s’y construisent les faits cliniques et apprécier l’ouverture qu’une notion imprime au mouvement d’une séance, montrer en somme comment les analystes pensent avec les concepts qu’ils se donnent pour accompagner ceux qui leur confient un moment de leur vie intérieure. Ceci n’est donc pas un dictionnaire ni un vocabulaire de psychanalyse, qui, comme tous ceux qui existent déjà, situeraient les notions classiques dans l’appareil freudien et leur trajectoire dans les différents courants de pensée de la discipline. Au contraire, chaque contribution, prenant appui sur un fragment de cure, illustre comment telle ou telle notion fait surgir des perspectives imprévues. Elle constitue ainsi un témoignage du travail de pensée qui prend sa source dans les concepts élaborés depuis Freud pour organiser la réflexion clinique au quotidien. En fondant chaque fois la réflexion théorique sur un cas clinique, ce glossaire plonge le lecteur dans l’incessant va-et-vient qui, de la clinique à la théorie, conduit la réflexion de l’analyste.
La fin d'une analyse - Le travail de culture - Le changement de lieu - sont trois articles rédigés par Brigitte DOLLÉ-MONGLOND
Ont contribué à ce volume : Isabelle Alfandary ; Jacques Angelergues ; Claude Arlès ; Jean-Louis Baldacci ; Alice BauerTorrente ; Gérard Bayle ; Thierry Bokanowski ; Laure Bonnefon-Tort ; Patrice Brunaud ; Évelyne Chauvet ; Brigitte Chervoillot-Courtillon ; Nicolas de Coulon ; Laurent Danon-Boileau ; Christophe Dejours ; Christophe Demaegdt ; Gilbert Diatkine ; Brigitte Dollé-Monglond ; Jean-Luc Donnet ; Jean-Philippe Dubois ; Haydée Faimberg ; Bernadette Ferrero-Madignier ; Mireille Fognini ; Isabelle Gernet ; Jean H. Guégan ; Jean-Michel Hirt ; Daniel Irago ; Claude Janin ; Rosine Jozef-Perelberg ; René Kaës ; Laurence Kahn ; Réal Laperrière ; Françoise Laurent ; Marie-Françoise Laval-Hygonenq ; Marie-Laure Léandri ; Anne Maupas ; Patrick Merot ; Nicole Minazio ; Lucette Nobs ; Michel Ody ; Nicole Oury ; Vincent Pélissier ; Michael Parsons ; Virginia Picchi ; Jacques Press ; Aleth Prudent-Bayle ; Rachel Rosenblum ; Évelyne Sechaud ; Marie Sirjacq ; Gérard Szwec ; Diana Tabaco ; Dominique Tabone Weil ; Jean-Yves Tamet ; Olivia Todisco ; Joseph Torrente ; Claire Tremoulet ; Michel Villand ; Felipe Votadoro
576 pages.
La thérapie familiale a aujourd'hui une histoire, des voies de transmission et nombre de références théorico-pratiques. Il est alors difficile aux étudiants, aux praticiens de la santé et aux intervenants du secteur socio-éducatif de trouver des repères. Ce livre permet de clarifier les principaux courants de ce champ théorique foisonnant et multiple tout en définissant les fondements, les contours et la spécificité de l'approche thérapeutique. Étudiants et professionnels y trouveront une mise au point aujourd'hui indispensable, facilitant une voie d'accès au domaine de la thérapie familiale et qui peut être utilisée comme un réel outil de travail. Dans une perspective historique et synthétique, il introduit les mouvements fondateurs et concepts de base ainsi qu'il trace les étapes d'une évolution et les tendances actuelles. Né au plus près d'une pratique quotidienne, l'ouvrage propose aussi à tout lecteur s'intéressant à l'univers de la famille, une réflexion sur l'origine des difficultés familiales et sur les processus majeurs qui s'y opèrent. Il permet donc une lecture des situations qui peut guider les professionnels dans la conduite des entretiens familiaux, les parents et couples dans leurs questions quotidiennes.
264 pages.
1410 pages.
1000 pages.
Articles
À l’heure où les signes de dé-subjectivation, du « sans-contact », se multiplient, un ensemble de questionnements s’impose avec leur résonance éthique. Pour autant, comment configurer l’acuité de certains phénomènes sociétaux recoupant cette dimension éthique aujourd’hui dans le champ de la psychanalyse, compte tenu de la manière dont nos écrits nous engagent au regard de la transmission de la psychanalyse ? Comment intervenir sur ces sujets avec la vigilance nécessaire sur nos positions contre-transférentielles ?
L’auteure met l’accent sur la théorisation de la pensée de l’analyste en séance, et sur le fil central de la solitude qui l’accompagne dans ses différentes déclinaisons : présence-absence, vivance-perte, en partant de La perte de soi de J.-F. Chiantaretto, et des associations qu’il lui a inspirées. Elle explore ainsi une solitude habitée, animée par un entre-deux qui singularise l’expérience de la cure, tandis qu’elle est traversée par des mouvements intérieurs contradictoires entre doutes et conviction, incertitudes et croyance, et prolongée pour l’analyste par la place de l’écriture.
Mon propos est d’interroger le distinguo introduit par Freud et couramment admis dans notre champ entre peur et angoisse ? S’il est nécessaire de discerner l’une de l’autre, il est important de considérer que les deux notions se mêlent, s’interpénètrent, se chevauchent dans maintes configurations cliniques. Alors, un champ de complexités s’ouvre à nous : ce n’est pas l’objet dont on a peur mais l’inconnu auquel il nous renvoie, et au-delà de son indétermination, l’angoisse a bien un objet. Peut-on penser qu’il y a angoisse sans peur ou peur sans angoisse ? Pour l’analyste, là où la peur désigne un saisissement, une pression interne, liés à un objet que le sujet croit identifier comme tel, l’angoisse désigne un état, une configuration psychique, et nous met sur la voie d’une exploration clinique avec des repérages métapsychologiques. La notion de peur affecte nos processus conscients, tandis que certaines formes d’angoisse ne peuvent être identifiés par le sujet, ce qui devient précisément l’un des enjeux de notre travail analytique.
Auteurs : LAURET M. (ss la direction de), CABASSUT J., CAMACHO S., DOLLÉ-MONGLOND B., DUFOUR D.-R., LANTIER M., LAURET M., ROUZEL J., SAURET M.-J., VAQUIÉ M.
Auteurs : LAURET M. (ss la direction de), CABASSUT J., CAMACHO S., DOLLÉ-MONGLOND B., DUFOUR D.-R., LANTIER M., LAURET M., ROUZEL J., SAURET M.-J., VAQUIÉ M.
Comme toujours dès qu’on décentre durablement l’humain de son apparente et naïve quiétude, dès qu’on sème le doute sur ses souvenirs et l’origine de ses passions, on le rend malade. Malade de la peste. Le dimanche 27 aout 1909, sur le pont du George Washington qui l’amenait à New-York, contemplant la découpe des gratte-ciels de Manhattan, Freud ne s’y était pas trompé. « Ils ne savent pas que nous leur apportons la peste… » avait-il confié pensivement à Ferenczi et Jung. La psychanalyse comme peste des certitudes. Vérité impossible à formuler en Europe ? Ironie d’un Viennois ciblant la naïveté américaine ? En tout cas, la mesure de cette « peste » et la qualification de ses symptômes ne sont pas plus aisés aujourd’hui qu’en 1909. C’est pourtant cela que vise ce recueil.
Au demeurant, la véracité de la phrase citée fait débat. Elle ne figure ni dans les œuvres de Freud, ni dans celles de Ferenczi ou de Jung. Pourtant, le 7 novembre 1955, à Vienne, lors d’une conférence prononcée sur le sens d’un « retour à Freud », Lacan affirme la tenir de Jung. Mais l’aurait-il finalement inventé pour propager, au nom de son fondateur, l’annonce des méfaits de la jeune science ? Comme avec le pangolin du XXIe siècle, un doute subsiste sur l’identité de l’agent infectieux.
Rendre à l’incertitude son bien, tel est donc l’enjeu. Mais encore faut-il pouvoir la défaire de l’irritation qu’engendre toute retenue, fût-elle celle du jugement. Séjourner « dans les incertitudes, les mystères et les doutes sans se laisser aller à la quête agacée de faits ou de raisons » exige une solide capacité négative. John Keats en faisait la source du génie de Shakespeare, et Bion en rappelle l’impérieuse nécessité dans l’exercice de l’analyse. C’est à ce prix que l’écoute s’affranchit de tout agrippement au savoir, qu’elle accueille l’angoisse et l’effondrement pour permettre, le moment venu, les salutaires mouvements de la curiosité.
Certes on pourra regretter que depuis plus d’un siècle la « jeune science » ait pris quelques rides et qu’elle puisse parfois s’essouffler sous le poids de trop généreux commentaires. Pourtant l’incertitude demeure l’ordinaire du psychanalyste. À condition, bien sûr, qu’il accepte de suivre les chemins du scandaleux et de l’inouï en s’arrachant aux ornières du bien connu et du prédictible.
Comme on le verra, les textes ici assemblés partent souvent de « petits riens », rencontrés au fil du quotidien analytique. Dans la cure, dans l’échange entre collègues, en marge de lectures. Ils sont comme autant de pensées incidentes. Elles en disent souvent long sur les vastes et complexes théories qui les sous-tendent et se sont constituées au cours d’un lent parcours. À l’écart de tout conformisme assuré, chaque auteur a voulu se laisser distraire par l’imprévu et l’incertain. Sans fausse pudeur. Sans naïveté ni complaisance non plus.
J.Y. T.
Auteurs: Viviane Abel Prot, Isabelle Alfandary, Marc Amfreville, Laurence Apfelbaum, Miguel de Azambuja, Jean-Louis Baldacci, André Beetschen, Leopoldo Bleger, Laure Bonnefon-Tort, Catherine Chabert, Jean-François Chiantaretto, Nicolas de Coulon, Brigitte Dollé-Monglond, Bernadette Ferrero-Madignier, Gilberte Gensel, Jean-Michel Hirt, Laurence Kahn, Marie Claire Lanctôt Bélanger, Jean-Michel Lévy, Anne Maupas, Évelyne Sechaud, Marie Sirjacq, Jean-Yves Tamet, Claire Trémoulet.
Perspectives sur l’actualité Santé publique - La troisième vague du Covid-19 sera-t-elle psychiatrique ? Alors que les remontées cliniques sont déjà alarmantes pour l'année 2020, les outils de la psychanalyse permettent de donner un cadre pour penser ces nouveaux échos, où peur collective et angoisse individuelle se confondent dans un temps de l'embrasement.
Le for intérieur - A travers une multiplicité d'angles possibles pour évoquer ce sujet, c'est la transmission par la psychanalyse qui serait à souligner à mes yeux : ce qu'elle incarne, ce dont elle est le porte-parole, laquelle s'effectue par un psychanalyste. Si les axes de notre société contemporaine et les exigences de la psychanalyse sont profondément antagonistes, la demande auprès d'un psychanalyste demeure et nous avons à repenser certaines modalités de notre exercice sans affecter pour autant nos fondamentaux au plus près du sexuel infantile et de la nécessité de la défense de la vie intérieure/de l'intime.
Mon propos tend à éclairer en quoi le processus de la cure peut contribuer au « travail de culture » dans l’acception que Freud lui a assignée dans la seconde partie de son œuvre. En introduisant certaines lignes centrales, je mets l'accent sur certains aspects contradictoires du legs freudien et ses prolongements de pensée dans notre préoccupation du collectif. Il m’apparaît important d’éclaircir nos difficultés et nos questionnements soulevés par cette orientation, ou extension des connaissances analytiques dans le champ de la psychologie collective, voire dans le champ du socius. Comment posons-nous ces questions ? Comment nous nous interrogeons sur ce que peut et ne peut pas la psychanalyse ?
La réflexion et l’activité psychique de l’analyste s’organisent autour de différents pôles, à partir de l’intimité de la situation analytique jusqu’à son implication dans une société analytique. Il me semble important de s’attarder sur ce contraste entre l’intime et le pluriel, et de s’interroger sur des jeux d’échos entre ces différents espaces de pensée qui s’entremêlent et nourrissent son cheminement. Trois scènes se distinguent : lire, analyser, écrire. L’écriture en serait le prolongement, lieu de jonction entre intimité et institution en ce qu’elle représente potentiellement un lieu social de déploiement de l’expérience analytique.
Ne peut-on voir dans le fameux écrit de Maupassant - le Horla - la mise en scène d’un séquentiel clinique entrant en résonance avec les théories de l’angoisse que Freud va proposer quelques années plus tard ? En quoi celle-ci produit la formation d’un « être invisible en soi » qui pousse hors de soi, et témoigne de la porosité des limites à partir d’une constitution incertaine du moi.
Premières lignes....
Tout d'abord je souhaite la bienvenue à chacun de nous, particulièrement aux collègues appartenant à d'autres sociétés analytiques ou disciplines qui nous ont fait le plaisir d'accepter l'invitation des secrétaires scientifiques à partager avec nous leurs travaux et réflexions théorico-cliniques.
"L'homme dans la nuit s'allume pour lui-même une lumière, mort et vivant pourtant. Dormant, il touche au mort". Je cite ici une référence d'Héraclite, eu égard à cette notion de voyance mise en avant dans l'argument de ces Journées qui fait écho à ce dénuement dont parle Freud : là, point d'artifices, ni de juge, le sujet se dévêt, enlève ses différentes enveloppes, face à lui-même, comme au seuil d'un originaire...
Autour des travaux de J.C.ROLLAND, mise en correspondances entre image, langage et création, au sein de la cure. Une approche psychanalytique de l’image et des homologies entre rêve, cure et poésie ?
A partir du constat de notre actualité spéculative de la pulsion de mort, l’auteur propose une ouverture sur la sagesse et relance un vif débat sur des questions de civilisation occidentale et orientale. Mon propos est de mettre en discussion : peut-on mettre sur le même plan pulsion de mort et sagesse ? Et comment penser sagesse et travail de culture comme voies du renoncement pulsionnel ?
Mon propos est d’interroger la pertinence d’un rapprochement entre les avancées théoriques sur le féminin et la compréhension de la vie amoureuse, telle qu’elle se donne à entendre au cœur de la clinique. Après un éclairage sur les apports freudiens en ce domaine, je proposerai quelques pistes de décryptage sur la souffrance en lien avec la relation amoureuse.
Dans la continuité de ses précédents ouvrages, J.-C. Rolland nous invite à l’exploration du travail analytique, à partir de la lecture de Freud, de l’écoute des patients, et de ces tissages souterrains entre différentes disciplines qui regardent avec les yeux de l’âme. Sont esquissées ainsi des analogies entre l’expérience de la cure et le tragique de l’acte du poète et du peintre. Mon propos est de souligner certaines voies centrales de résonances : les rapports de l’image et du langage, la spécificité du concept d’état borderline, la singularité du complexe du renoncement.
Mon propos est ici de questionner des rapprochements entre deux champs de pensées pourtant dissemblables et engagés dans un registre de savoir résolument spécifique. L’omniprésence de cette préoccupation qui s’articule autour de la question de la causalité ouvre sur un trait distinctif : une aspiration à la totalité aussitôt contrebalancée par la conscience de l’inachèvement du savoir.
Présentation de l'ouvrage en cliquant sur le lien.
RÉSUMÉ
Mon propos est de poser une coexistence sous tension du être mère et être femme, telle une problématique inscrite au sein d’une transmission reposant sur des éléments de nature hétérogène, hypothèse d’une dualité à l’œuvre qui renvoie à une ambivalence originaire où à un au-delà de l’ambivalence qui signe sa défaite et interroge sur la pulsion de destruction.
Ce livre dense, différent car novateur dans la méthodologie employée nous présente une synthèse des apports de Melanie Klein, dans un souci constant et double : rendre intelligible et accessible cette pensée et articuler la présentation de celle-ci avec d’autres champs de théorisation.
Interlignes
Ouverture par Brigitte DOLLÉ-MONGLOND, Présidente du IV Groupe (OPLF), des Journées Scientifiques du IV Groupe 2015 in Publication des Journées Scientifiques 2015 - Le meurtre et l'inceste Actes 5 - Éditions InPress - Paris - 2016
C’est avec une extrême tristesse que nous avons appris le décès de notre collègue et ami, Jean-Pierre Chartier, d’une disponibilité constante pour la cause analytique et d’une attention sans faille pour le Quatrième Groupe. Jean-Pierre était toujours présent en dépit de ses multiples investissements, et cette fidélité pour notre institution est à la mesure de son engagement.
Ses travaux scientifiques sont bien connus et constituent des points de repères dans le champ théorico-clinique de l’adolescence et dans l’introduction à la pensée freudienne, contributions dans le champ de notre discipline qui marqueront des générations de cliniciens.
De nombreux témoignages nous sont parvenus, ils parlent aussi de l’Homme ... qui se singularisait tant par sa simplicité, son humour que par ce qu’il laissait entrevoir de sa fantaisie, de sa vivacité, et de ses paradoxes. Je souhaite souligner aussi la dimension humaniste de ce brillant praticien qui aimait parler simplement de concepts fondamentaux en psychanalyse en se faisant comprendre de tous.
Et je choisis de laisser la parole à une participante du Quatrième groupe qui fut accueillie, il y a de nombreuses années, par Jean-Pierre Chartier.
Brigitte Dollé- Monglond
Présidente du Quatrième Groupe
C’était « dans les années 1990, premier contact d'une littéraire avec le Quatrième Groupe: l'accueil de Ferran Patuel-Puig, puis d'un premier groupe de travail, Lecture de Freud - étude des concepts fondamentaux de la psychanalyse (le seul ouvert à l'époque aux non-praticiens). C'est Jean-Pierre Chartier qui l'anime, avec tant de bienveillance et de gaieté qu'il est impossible de ne pas s'y sentir parfaitement à l'aise, aussi chacun va s'engager dans le travail bien au-delà de ce qu'il avait imaginé.
Là, j'ai découvert le mode de formation du Quatrième Groupe, et pris le goût non seulement de lire mais d'étudier, à plusieurs voix, le texte et la pensée de Freud. Il fallait beaucoup de générosité et d'ouverture pour renouveler, tous les deux ans, cette proposition aux nouveaux arrivants, quand d'autres groupes de travail auraient sans doute bien plus apporté à un analyste chevronné. Et beaucoup de science, sans la moindre hauteur, pour inviter de simples analysants sur cet accès royal à la psychanalyse que sont les écrits de Freud sur sa méthode.
Au bout de deux ans, le cycle a pris fin (mais pas ma lecture ainsi impulsée), il m'a laissé l'impatience de revenir, clinicienne débutante, dans pareille société. Jean-Pierre Chartier, aussi peu oubliable qu'un beau souvenir d'école.
Brigitte Galtier.
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